Parole d’expert-comptable : Nicolas Gauthier – CPJA

Nous pouvons l’avouer aujourd’hui, si depuis quelques jours nous parlons beaucoup des experts-comptables, c’est grâce à Nicolas Gauthier, directeur du cabinet Lyonnais CPJA. Quand, il y a quelques mois, il a créé son compte sur le site TANū et acheté en ligne des crédits afin de permettre à ses collaborateurs de s’auto-évaluer, il nous a intrigué et ouvert les yeux…
cpja
Nous vous proposons  aujourd’hui un entretien avec un expert-comptable connecté qui pense aux lendemains.

Avec le numérique, l’intégration de fichiers a été accélérée et nous sommes aujourd’hui capables d’intégrer tous les flux d’opérations : les achats, les ventes, les banques, etc.

TANū : Tout d’abord, en quoi la transformation numérique impacte votre métier ? Y-at’il un secteur (social, juridique, comptabilité, etc.) plus touché que d’autres ?
Nicolas Gauthier : Le numérique impacte l’ensemble des volets de notre métier. Même si le volet historique, la comptabilité, est très fortement concerné dans la mesure où l’on est de plus en plus capable d’automatiser la saisie comptable. Jusqu’à il y a 5 ans encore on retranscrivait manuellement les factures de nos clients dans un logiciel de comptabilité. Avec le numérique, l’intégration de fichiers a été accélérée et nous sommes aujourd’hui capables d’intégrer tous les flux d’opérations : les achats, les ventes, les banques, etc. Et ceci de façon automatisée quasiment sans intervention humaine, grâce au numérique.

Petit à petit, tout le monde doit être très au fait de l’usage du numérique pour être en phase avec ce qu’il se passe sur notre marché.

L’automatisation de la saisie comptable

TANū : Cela s’est fait progressivement ?
NG : Oui, cela a commencé par les flux bancaires, puis ce fut au tour des flux de vente, maintenant on est sur des flux d’achats, et cela n’est pas fini car à terme il est prévu que tout soit intégré et ce sans intervention humaine, si ce n’est du paramétrage informatique en amont.
TANū : Concrètement, comment cela se passe-t’il ?
NG : L’entreprise nous fournit un fichier d’écriture (un fichier d’écritures de ventes par exemple s’il s’agit de factures de ventes), plutôt que de nous envoyer ses factures comme elle le faisait avant. Aujourd’hui on est capables d’intégrer dans un logiciel de comptabilité 3 mille factures en 3 minutes, là où il y a encore 5-6 ans il nous fallait 2 jours. La saisie en soi de la comptabilité devient donc beaucoup plus rapide.
Les personnes qui sont présentes au cabinet depuis longtemps ont vu leur métier petit à petit évoluer. C’est tout aussi important maintenant de savoir maîtriser les schémas des écritures comptables que de savoir intégrer des fichiers d’écritures et donc de savoir utiliser les outils informatiques.
Petit à petit, tout le monde doit être très au fait de l’usage du numérique pour être en phase avec ce qu’il se passe sur notre marché. L’expertise-comptable n’est pas la seule profession à évoluer dans ce sens-là, toutes le sont. Certaines professions se transforment plus ou moins rapidement que d’autres, et cela est également très variable en fonction des entreprises qui les composent, mais nous pouvons dire que le train est en marche.
TANū : Certains cabinets d’experts-comptables demandent pourtant encore à leurs clients de leur fournir des factures papier…
NG : Cela peut effectivement être le cas si les factures ne sont pas émises au format PDF. Mais aujourd’hui on est technologiquement capables de prendre l’intégralité de vos factures, de les scanner, et qu’il y en ait 80% qui se comptabilisent toutes seules. Certaines entreprises sont encore plus avancées, notamment celles qui font de la facturation électronique. C’est-à-dire qu’elles n’envoient plus à leurs clients des factures mais des données numériques. Des données dont on est capables d’automatiser l’enregistrement. D’ailleurs, au premier janvier 2017 toutes les grandes entreprises travaillant avec l’Etat seront obligées de facturer électroniquement. Au premier janvier 2018, cela sera au tour des plus petites entreprises et ainsi de suite. D’ici à 2020, toutes les entreprises en contrat avec l’Etat seront ainsi dans l’obligation d’émettre des factures sous format électronique, c’est-à-dire ne plus envoyer une facture sous format PDF mais envoyer un flux de données.
TANū : En quoi consiste ce flux ?
NG : Un fournisseur de votre entreprise vous envoie un flux de données qu’il suffit simplement d’enregistrer dans votre comptabilité. Il n’y a plus du tout d’intervention humaine, cela se fait automatiquement. Un robot scanne tous les flux qui vont vous être envoyés.

En faisant passer le TANū à toute l’équipe, on a vu que certains étaient plutôt à l’aise, d’autres moins. Depuis le test, nous faisons très régulièrement des réunions sous forme d’échanges sur l’usage des outils informatiques propres à notre métier ainsi que sur la culture numérique.

Se préparer au changement, réinventer nos métiers

TANū : Pensez-vous que certains métiers vont disparaitre ?
NG : Oui. La saisie comptable pure ne va peut-être pas disparaitre dans deux ans mais elle va être considérablement allégée. Tout notre accompagnement sera de mettre en place des outils informatiques pour justement être à même de pouvoir récupérer toutes ces données numériques sans intervention humaine et connaître les impacts que cela peut avoir au niveau administratif pour nos clients. C’est pour cela que notre métier est très impacté par l’arrivée du numérique.
TANū – Comment vous y préparez-vous chez CPJA ?
NGEn commençant par un check up avec le TANū car cette mutation implique que nous soyons agiles avec les différents outils et les différents langages. En faisant passer le TANū à toute l’équipe, on a vu que certains étaient plutôt à l’aise, d’autres moins. Depuis le test, nous faisons très régulièrement des réunions sous forme d’échanges sur l’usage des outils informatiques propres à notre métier ainsi que sur la culture numérique. Par exemple, pour l’instant nous ne sommes pas impactés par la blockchain, mais à terme on le sera, donc tout le monde sait déjà ce que c’est. Passer le test a donc créé un terrain propice à une meilleure information et connaissance en culture numérique pour que l’on soit le plus agiles possible.
TANū – Votre métier se transformant, sa valeur ajoutée va donc être ailleurs ?
NG – Tout à fait, elle se fera désormais sur l’accompagnement. Tout d’abord en amont sur les outils informatiques à mettre en place. Si le métier premier de votre entreprise n’est pas l’informatique, vous devrez vous adresser soit à un spécialiste en informatique, soit à votre expert comptable qui sera à même de connaître tous les impacts que cela peut avoir au niveau administratif pour vous (comment on assure l’interface avec votre portail bancaire, etc.).
Mais avec la mutation numérique de notre métier, notre valeur ajoutée se fera aussi sur l’accompagnement au quotidien, c’est-à-dire arriver à vous fournir des données à jour sur la marche de votre entreprise beaucoup plus régulièrement qu’une seule fois par an avec le bilan. Etre capables de donner des prévisions et suivis de trésorerie, des informations à jour beaucoup plus rapidement, c’est le futur de notre métier.

Toujours plus de conseils pour nos clients… et de l’anticipation

TANū : C’est en cela que la transformation numérique impacte la relation entre l’expert-comptable et les entreprises ? Vous allez pouvoir mieux accompagner les dirigeants à piloter leur entreprise au quotidien ?
NG : Oui, nous allons être capables de donner une information à jour beaucoup plus rapidement et être également beaucoup plus pertinents dans nos analyses. Nous allons pouvoir parler de l’avenir plutôt que du passé, car quand on voit un client pour lui parler de ses comptes, ils sont déjà passés. L’entreprise est donc déjà projetée sur autre chose. Tout l’enjeu est d’arriver à fournir des données sur ce qui va se passer et non plus pour ce qui vient de se passer. C’est précisément là-dessus que va s’accroitre notre valeur ajoutée.
TANū : Si vous aviez à décrire l’expert-comptable des prochaines années ?
NG : Ce sera le conseiller administratif et financier à privilégier sur les TPE et PME. Il peut tout à fait faire office de directeur administratif et financier (DAF) pour les TPE et les PME. C’est là où nous allons avoir une vraie valeur ajoutée pour prévenir le dirigeant et l’aider à piloter le mieux possible son entreprise.
TANū : A ce jour, comment préparez-vous vos clients ?
NG : En leur proposant des tableaux de bords prévisionnels, des suivis de trésorerie pour leur montrer que l’on sait faire autre chose qu’une photographie fiscale du bilan une fois par an. C’est dans cette approche que nous travaillons chez CPJA, on cherche à donner de l’information très en amont à nos clients. Par exemple, à la mi-octobre, on parle déjà des clôtures qui vont arriver en disant à nos clients « au 31 décembre, si tout se passe bien, vous devriez être à ce niveau-là, il faudrait peut-être penser à faire tel ou tel investissement, voire à embaucher, etc. ».
Alors certes, la transition numérique dans notre profession est hétérogène. Certains confrères ne sont pas du tout dedans car ils n’y voient pas l’intérêt, ni l’opportunité que le numérique peut apporter. Mais je pense que pour ceux-là, à plus ou moins long terme, la pérennité va être mise en jeu.

Si l’on veut être vraiment utiles, il faut que l’on soit performant sur l’accompagnement numérique, sauf que pour cela il faut que l’on soit tous opérationnels.

Et le TANū dans tout ça ?

NG : Nous avons pris le TANū comme un check-up : il s’agissait de réaliser l’état des lieux de toute l’équipe en termes d’usage, d’agilité, de connaissance et de numérique au sens large. Tout l’enjeu est de passer le plus possible de personnes qui ont une note un peu faible à une note plus élevée, pour qu’ils puissent eux-mêmes être très à l’aise et accompagner nos clients. Si l’on veut être vraiment utiles, il faut que l’on soit performants sur l’accompagnement numérique, sauf que pour cela il faut que l’on soit tous opérationnels. Il n’est pas question de laisser des membres de l’équipe sur le bord du chemin, il faut progresser collectivement. Il fallait qu’on fasse un état des lieux pour pouvoir identifier les personnes les plus agiles et permettre aux plus faibles de s’appuyer sur elles.
TANū : Comment le test a-t’il été perçu en interne ?
NG – Certaines questions sont très techniques, donc certains étaient assez surpris par les notes. Mais tous ont compris la démarche : l’idée est que l’on puisse tous avancer dans le même sens, et qu’il n’y ait pas de trop grandes disparités.
TANū : C’est-à-dire que vous avez mis en place des actions de formation ?
NG : Oui, nous avons initié des réunions avec l’ensemble de l’équipe dans lesquelles nous abordons un sujet lié à une thématique numérique. La dernière fois c’était sur les gestionnaires de mots de passe, car cela peut être aussi utile à titre personnel. Ces réunions portent à la fois sur la connaissance générale et sur la connaissance métier. Nous faisons ainsi des focus réguliers sur l’utilisation d’outils propres à notre secteur, sur la façon d’utiliser tel ou tel logiciel. Pas forcément sous la forme de formations mais plutôt au travers d’échanges.
TANū : Merci Nicolas.
 
Vous pouvez retrouver Nicolas Gauthier sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/nicolas-gauthier-58304162
Bien entendu le cabinet CPJA est présent en ligne : sur le web, sur Twitter, et.. sur YouTube.
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